En direct de là où je suis. Un jour, une photo depuis mon retour de Santo Domingo

vendredi 11 avril 2008

Il fait chaud


Après une semaine de pluie, la température est montée d'un cran. Ce qui a du accroitre sensiblement la participation à la grève générale d'hier. Mais au fait, pourquoi une grève ?
Selon une stratégie très courue de nos jours dans les démocraties, personne ne parle des raisons d'une grève. En fait, la plupart des habitants de n'importe quel pays du monde, en dehors d'Haïti en ce moment, se tapent le coquillard de connaitre les raisons d'une grève. La seule chose qui les préoccupe, c'est de savoir comment, malgré la grève, ils vont pouvoir travailler plus pour gagner plus... La fin de cette phrase me fait toujours rire.
Donc, dans un pur esprit de solidarité envers les grévistes, on se dit que, s'ils font grève, c'est qu'ils peuvent se le permettre ces salops ! Alors que moi, si je fais grève je me fait lourder. Si on retourne la crêpe et qu'on regarde la situation sous un autre angle. La question de base, c'est pourquoi n'ai-je plus, de fait, le droit de grève. Question subsidiaire, en quoi le travail est-il sacré au point qu'il soit présenté comme l'ultime rédemption à nos péchés d'oisifs ? C'est un autre débat.
J'adore mon travail quand il est fait dans un environnement adulte. Ce pourrait être un travail de balayeur, ce serait un bonheur si les gens avec lesquels je le fait ont un minimum d'intelligence relationnelle et de respect. Ce respect commence par de l'attention, de la préoccupation pour ce que l'autre fait. Du soutien dans la difficulté, un appui lors de décision, de la continuité dans les idées et les actions. Ce qui détruit le moral dans le travail, ce qui peut stresser, c'est l'absence de soutien, d'appui et de continuité.
De ce point de vue, les reportings continus font planer un climat de suspicion inconscient sur les salariés. On n'exige plus seulement des résultats, mais des moyens constants. Le salariés perd le soutien. La masse salariale est maintenant considérée comme variable d'ajustement, plus comme le prix d'une ressource nécessaire. La pression sur les salaires fait perdre l'appui. Enfin, le reporting mensuel aux actionnaires est souvent l'occasion d'un changement de tactique à court terme, perte de continuité dans les actions, de vision à long terme. Bref, l'entreprise tourne sur elle même, se regarde le nombril en mettant sous pression ceux qui y travaillent et ceux qu'elle fait travailler. De plus, le management pseudo participatif, mis en place dans la plupart des entreprises fait redescendre le rapport de force jusqu'au manager proximiteux. La pression existe maintenant dans toutes les strates de la hiérarchie. Méfiance et stress à tous les étages.
On ne gagne pas de l'argent en en économisant. On gagne de l'argent en innovant techniquement et socialement. Quand le contrôleur de gestion sort de l'entreprise, que les actionnaires laissent de l'air à moyen terme (ça s'appelle de la confiance), que le fruit de la croissance de l'entreprise est partagé par ceux à qui ont la doit, le stress s'en va de fait et la motivation, donc l'efficacité au travail et la créativité se démultiplient. Et l'argent rentre !
Expliquer ça à un actionnaire qui n'est autre que le gestionnaire d'un portefeuille de retraité, c'est comme apprendre le hockey sur glace à un dauphin. On est pas sorti de l'auberge.
Ici, pas de reporting d'activité, une entreprise qui doit sa croissance à une excellente communication, un marché porteur et à laquelle l'actionnaire fout une paix royale pourvu que l'argent rentre. No Stress !
Pour la photo, c'est un des arbres du sublime et immense jardin botanique de Santo Domingo sur lequel j'écrirai. En fait, je ne sais toujours pas pourquoi il y a eu grève hier.

Aucun commentaire: