En direct de là où je suis. Un jour, une photo depuis mon retour de Santo Domingo

jeudi 24 avril 2008

Low Cost


15 jours, c'est trop long.
Dans l'hotel d'expatriés où je vis à Santo Domingo, il y a toute sorte de travailleurs : quelques français, des mexicains, des argentins, un new yorkais et d'autres que je n'ai pas encore rencontré. Il y a là deux femmes mexicaines qui, pour travailler à Santo Domingo, partagent la même chambre d'hôtel.
Franck est le new yorkais. Il est resté bouche bée quand je lui ai dit que j'étais payé en Euro. Lui, est payé en dollars. Il est en république dominicaine pour monter le call center d'un opérateur de télécommunications étatzunien. Comme les fonds ont du mal à se débloquer et que les décisions sont longues à prendre, il ne fait pas ce qu'il était venu faire. Il faut dire que les investisseurs étatzuniens en ce moment sont un peu frileux voire complètement congelés.
80 Euros par mois pour 12 heures de travail quotidiennes, six jours par semaine. C'est le tarif d'un travailleur dominicain. Franck est à Santo Domingo pour cette raison. Est-ce la proximité d'Haïti qui fait que les travailleurs ne se révoltent pas ici ? C'est une question que nous nous sommes posé lors de nos conversations du petit déjeuner.
Il y a eu beaucoup de zones franches dans ce pays mais la concurrence chinoise a généré de la délocalisation. Oui, de la délocalisation de République Dominicaine vers Chine. Low cost vers ultra Low cost. Les produits technologique ont remplacé le textile. Les zones franches existent toujours physiquement, quelques unes fonctionnent encore. Cela ressemble à des camps de travail entourés de grilles et dont l'entrée est étroitement surveillée.
Julio, cadre chez l'opérateur de télécommunication pour lequel je travaille, a commencé sa carrière dans une zone franche. Il y a été formé au management de la production et à la logistique. Il a maintenant un boulot de cadre moyen et de bonnes perspectives de carrière dans un pays où la formation reste une denrée rare. Il fait partie de la toute petite classe moyenne de l'ile.
Les ouvriers de ces zones franches, en revanche...
Il n'est pas dit que l'on meure de faim en République Dominicaine. Quand on cherche un peu, on peu même trouver à se nourrir et à se loger pour presque rien selon des critères européens. Mais le système de santé est une calamité, les transports un cauchemar, la corruption omniprésente, la sécurité toute relative et l'éducation très faible. Le modèle économique, s'il satisfait les investisseurs n'est pas un modèle de développement humain, loin s'en faut.
Franck compare la vie d'un ouvrier dominicain avec celle d'un ouvrier new yorkais. Je ne crois pas que ce soit ce qu'il faille comparer. Existe-t-il des quartiers de New York ou de Paris où il n'y a pas d'eau potable, où les rues ne sont pas goudronnées, où le ramassage des ordures n'est pas organisé, où il n'y a pas d'école pour les enfants ?
Existe-t-il des endroits aux états unis d'Amérique où en Europe de l'ouest où un père transporte sur sa moto son enfant mort dans un linceul jusqu'au cimetière, où un homme mort attend son ramassage sur le bord de la route ?
See you later...