En direct de là où je suis. Un jour, une photo depuis mon retour de Santo Domingo

mercredi 27 août 2008

Où il ne faut pas prendre les sourds pour des imbéciles



Il n’y a pas de poste publique en République Dominicaine. S’il y en a une, elle fonctionne tellement mal que personne ou presque ne l’utilise. C’est peut-être aussi parce qu’il y a 15% d’analphabétisme et qu'aucune rue n'est signalée… J’ai même entendu suggérer que seul 40% des objets et lettres confiés à ladite poste arrivaient à destination. Mais comme ce sont des logisticiens qui m’ont dit ça, je crains que ce ne soit soumis à caution. Bref, les dominicains ne s’enorgueillissent pas d’une institution comme La Poste dont on ne sait plus très bien si elle est privée ou publique et qui, si elle fonctionne merveilleusement bien en comparaison son homologue dominicaine, possède des mœurs bien particulières en terme de contrat de travail et de traitement de sa main d’œuvre. Les postiers à deux voire trois vitesses.
La première catégorie de postier est celle à laquelle appartient notre cher Besancenot. Salariés fonctionnaires, privilégié comme oserons avancer certains. Privilégier car, pour gagner le SMIG, il leurs suffit de travailler normalement, parfois pas trop. Privilégier car, pour gagner le SMIG, ils ont une garantie de l’emploi. C’est quand même scandaleux que des gens arrivent à gagner le SMIG sans bosser comme des ânes et sans avoir peur de se faire virer du jour au lendemain !!! J’en connais un certain nombre qui prétendent ce genre d’ânerie alors qu’ils n’ont jamais travaillé plus de deux heures par jour pour trois fois le SMIG…
La seconde catégorie, ce sont les salariés contractuels à horaires fixes. Ils ont le même type de travail sans la garantie de l’emploi. Ils sont soumis à un peu de flexibilité. Toujours pour le même salaire et les mêmes conditions de travail.
La troisième est celle des contractuels à horaires variables. En gros, j’ai un sac de courrier à distribuer ce matin, j’appelle Truc qui va me le distribuer et je ne le paierais que pour cette distribution. Flexibilité totale, pour un salaire inférieur puisque seul les heures travaillées sont payées. Un concept d'une grande modernité semble-t-il. Et dire que certains ne font même pas grève pour ces conditions de travail lamentables puisqu’ils n’en profitent pas…
Mais, ce n’est pas pour ce type de revendication josébovisto-cégétiste que j’écris ce papier. C’est à propos de la préposée au guichet de la poste à coté de chez moi qui prend les sourds pour des imbéciles. Un vieux monsieur qui avait le handicap de ne pas être Français de souche, et de plus était un peu dur d’oreille, pose une question à ladite préposée. Laquelle lui demande s’il a cinq minute car l’opération va durer un peu. Le monsieur fait répéter trois fois la question à la préposée qui ne comprend pas que le volume n’est pas assez fort pour le système auditif très usager de l’usager. A la quatrième itération, les deux parties étant d’accord sur la question et la réponse, la préposée s’en va poursuivre sa mission de service publique dans l’arrière boutique en pestant de manière fort peu civile. Pour ceux qui ne sont pas sourd, ces propos étaient même insultants. Lequel des deux est l’imbécile ?
A demain peut-être…

mardi 26 août 2008

En avoir ou en être

La République Dominicaine revient de Pékin avec deux médailles. Une en boxe et une en Taekwondo. Elle se classe sur le même rang que le Portugal ou la Belgique. Rien que de très normal si l’on considère que les trois pays ont la même population, à peu de choses près.
Mais revenons sur cette organisation et ce pays étonnant, la Chine. Les bilans, comme cet humble billet, font légions. Il faut lire le très intéressant article de la Tribune de Genève et ces commentaires. La Chine est un pays plein de contrastes. Il est à la démocratie ce que le bioéthanol est à l’écologie : l’arnaque du siècle. On prend une révolution communiste, on y ajoute l’économie libérale, là, Mao a fait trois tours dans sa tombe et Marx succombe immédiatement d’une crise d’apoplexie foudroyante, et on obtient le pire des régimes actuels : une dictature libérale. Travail des enfants, répression aveugle, poursuite systématique des opposants, information muselée, on a le vrai cocktail des pires dictatures. Champion du monde des exécutions capitales, des déplacements de population et du nombre de journalistes en prison, la Chine est le paradis de certains que la grande marche avait tenté d’abolir.
Les USA avaient eu le courage ou la décence de boycotter les jeux de Moscou, personne n’a eu le courage ou la décence de boycotter ceux-là. A noter que visiblement, seuls les sprinteurs Américains ont boycottés ces jeux (sic.) Les petits soubresauts médiatiques de notre leader maximo sur le Dalaï Lama et le Tibet n’ont pas fait la moindre ombre au spectacle.
Les commentaires sur les articles comme celui de la Tribune sont parfois affligeants. Traitez-moi de penseur unique si vous voulez, mais qualifier de stalinien un journaliste de la Tribune de Genève ou de voyou les militants pro-Tibet, c’est aussi absurde que de traiter de communiste l’actuel premier secrétaire du PCC.
A demain peut-être…

lundi 25 août 2008

Cabarete : les vendeurs de plages


Portant chemisettes bleues, jeans et baskets, les vendeurs de plage commencent à arpenter la plage à l’heure où les premiers touristes investissent les transats. Commence alors la danse des vendeurs de bijoux, de massage, de tresses, de cigares, de fruits, d’animaux sculptés, de cacahuètes et autres objets non identifiés. Dix fois, vingt fois par jour, il faut alors dire bonjour, non merci, pas aujourd’hui. Ils parlent toutes les langues du monde, marchent toujours très lentement sur la plage. Parmi cette cohorte de personnages, deux ont retenus mon attention sans toutefois oublier « señor musica », ce guitariste qui se promène le jour comme la nuit avec son instrument sans pratiquement jamais en jouer et en criant « amigo » « musica ». Pour en revenir aux deux vendeurs de plage : une femme, un homme. Elle, assez grande, portant chapeau de paille, les traits fins, propose des massages et balance doucement son petit sac du bout des mains. Elle parait douce, presque timide. Elle n’est pas très insistante et pourtant à bien regarder, c’est elle qui semble le plus travailler. Quand un client accepte un massage, elle s’assoit sur le transat, délicatement, avec beaucoup de grâce. Chacun de ses mouvements est lent mais précis, comme régit par un rituel. Après avoir fait allonger sa cliente, elle lui enlève délicatement le sable avec une serviette puis, toujours lentement, masse chaque membre après l’avoir enduit d’huile, s’attarde sur les pieds et les mains. Puis, vient le tour du dos, de la nuque. Même chose côté pile. Je la trouve belle cette femme quand elle pratique ainsi son activité.



L’autre, l’homme, Nicolas, l’ami, présent tous les jours, très tôt, parlant du temps qu’il fait, de ses enfants, de sa famille. Toute sa vie est dans les mains de Dieu. Si son frère est sourd, c’est que Dieu l’a voulu, si sa mère a une maladie de peau, c’est que Dieu l’a voulu. Mais grâce à Dieu, ses enfants vont bien, il a du travail et de quoi les nourrir. Sa gentillesse, son sourire, les quelques mots prononcés chaque jour font de Nicolas un bon vendeur. Il connait bien les habitudes des touristes, nous ses clients. Nous les gringos, nous sommes plus réceptifs le matin, alors c’est à ce moment qu’il arrive, avant ces collègues, avant son cousin et qu’il nous vend ses bijoux. Gardera-t-il en mémoire ces deux français et leurs enfants ? Avons-nous laisser dans son cœur une toute petite empreinte ?

mardi 19 août 2008

Rap ou Reggaeton

Comme je suis de retour à la civilisation occidentale, je retourne chez IKEA faire mes courses. Il n’y a pas d’IKEA en République Dominicaine. Dire que ça manque serait peut-être exagéré. Il y a un Conforama à Santo Domingo. Ce n'est pas forcément indispensable non plus. Par exemple, sur Grand Canaria, il y a un IKEA. Le fait que l’île soit peuplée de 20% de suédois y est sans doute pour quelque chose…
Bref, après avoir maudit le crétin blond à lunette qui a conçu, et c’est un bien grand mot, les chaises Klong (c’est le bruit qu’elles font quand on les jette contre les murs de rage de pas pouvoir les monter) je repense à mon aller retour dans la banlieue parisienne et un truc me revient en tête. A ce feu rouge à Ivry sur Seine, la voiture qui me précédait passait du Reggaeton !!! Pas de Rap, du reggaeton. Il y a donc un réseau, des infiltrés, la subversion latinos arrive dans nos contrées. C’est étrange, après avoir passé beaucoup de temps en Andalousie où l’on concocte un reggaeton flamenco de haute volée qui s’exporte très mal en dehors de l’Andalousie, après avoir entendu le reggaeton sud américain qui est beaucoup moins riche et beaucoup plus accessible, il est étrange que ce truc n’aie pas encore atterri en France.
Je n’aime pas cette musique en tant que musique. Elle est pauvre et sans grand intérêt, mais comme me disait une amie dominicaine, comment faisait-on avant ? Il faut avoir passé un samedi soir au Double's à Santo Domingo pour comprendre que 'danser' là-dessus est au delà de l'imagination.
A demain peut-être…

lundi 18 août 2008

Chronique de la plage


Une plage de vacances est un spectacle permanent. Cabarete est un bon exemple, c’est un véritable microcosme. Les gens vivent sur la plage et n’en sortent que très peu. On dort, on bronze, on mange, on fait du sport, on danse, on fait l'amour sur la plage. Les entrées sont filtrées par la Politur (police touristique) qui éloigne les importuns. Il faut préserver le business.
Pour ça, les dominicains sont aussi commerçants que les savoyards sont marin-pêcheurs. En dehors de lieux touristiques, on peut rester une demi-heure dans un restaurant sans que personne ne vienne voir si par hasard, on est là pour consommer. Il faut se faire remarquer. D’ailleurs, 95% des bars de la plage sont tenus par des gringos. Les murs appartiennent aux dominicains, les gringos font marcher le commerce.
Quelques copains qui fréquentes les lieux louches (je ne me permettrai ni de fréquenter ces lieux, ni de dénoncer ces copains) m’ont avoué que, même dans des bars à putes de Santo Domingo, il faut réclamer une consommation pour se la faire servir. J’avais entendu dire que partout ailleurs, une entraineuse te sautait dessus pour éponger tes dollars superflus en t’abreuvant de mauvais champagne…
Ici, non. Tu es bienvenu, tu peux rester et passer du temps.
Bref, ce n’est pas un dominicain qui nous aurait pondu Shaolin Basket. Ce chef d’œuvre digne de la tongue d’or du festival kung fu movies de Vesoul qui apparait juste sur nos écrans avant de disparaître dans les archives de la série Z. J’attends avec impatience Shaolin curling ou Shaolin triplette. Ce sera beaucoup plus haletant.
A demain peut-être…

vendredi 15 août 2008

Leaving Cabarete


Au bout de quinze jours de kite surf non stop, il faut quitter Cabarete. Enfin, c’est aussi parce que l’avion était prévu ce jour là. Dans le genre spot particulièrement bien, il faut avouer que 13 jours de navigation dans l’eau chaude sur 15, c’est quand même pas mal, voir exceptionnel. Nous avons donc quitté le reef après un dernier tour hier. Même si le vent était un peu faible, c'était bon.
Dans l’apprentissage du Kite Surf, il y a deux périodes où l’on boit beaucoup d’eau : l’apprentissage du water start et l’apprentissage des sauts. Dans le deuxième cas, le mien en l’occurrence, on se tord les chevilles et les genoux, en plus.
A la suite de mon précédent post, je vais continuer dans la misanthropie. Les surfers sont obsédés par leur sport et peu enclin à l’ouverture d’esprit. D’aucuns diraient qu’ils se la pètent grave, surtout les profs. Que ce soit de surf, de kite surf ou de planche à voile, c'est pareil. Brice n'est pas loin. Quand j’étais petit, on disait que les surfer ne pouvaient pas se promener la nuit, à cause des Vuarnets… C’est toujours vrai. La description du blond par Gad El Mahle est excellente sauf qu’en plus, à la plage, il s’épile. Pour le reste de la population de la plage, cela faisait longtemps que je n’y avais pas passé de vacance, et le soin que prennent les vacanciers à soigner l’aspect de leur corps est impressionnant. C’est un véritable concours de bronzage, de pectoraux épilés et de fesses refaites. Il faut dire qu’à passer ces vacances dans le Cotentin, on ne rencontre que des anglais couleurs homard cuit à l’aspect très peu fashion victime.
A demain peut-être…

mardi 12 août 2008

Le miroir aux alouettes


L’expatriation, c’est bien, c’est excitant, c’est dépaysant. J’ai rencontré plein de gens intéressants, qui bougent, qui n’aiment pas la routine, qui la fuient ou qui fuient autre chose. Bref, des gens qui ont une histoire en construction, à construire ou à oublier. Je me suis pris au jeu et je me suis construit aussi une histoire, une fuite, des relations que je pensais solides.
Je suis d’un naturel optimiste qui va avec un réalisme relationnel. Ce qui me permet d’atterrir en douceur. Heureusement, car ces relations d’expatriation son volatiles comme les histoires construites. Elles existent comme la solidarité à l’étranger, comme des ilots de choses connues dans un univers lointain, comme se construit le communautarisme dans la fuite de l’autre, dans la négation de l’intégration. J’ai vécu ici dans cette illusion, préférant le communautarisme à l’intégration. C’est tellement moins fort que ça n’existe plus un mois plus tard. Épatant non ?
A demain peut-être…