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jeudi 15 mai 2008

Demain c'est votation


Ca y est, demain c’est le grand jour, les cinq millions et demi d’électeurs dominicains vont se diriger vers les bureaux vote pour élire leur nouveau président. Il y a de fortes chances pour qu’ils ré élisent le même. Aujourd'hui, Santo Domingo prend une apparence de ville en exode : embouteillages monstres et rues désertes. A l'image de ce garde de l'université qui descend les couleurs, tout le monde fout le camp. Hier, la campagne présidentielle s’achevait dans une manifestation monstrueuse du principal opposant : la ville était bloquée de midi à 21h.

De sources proches et lointaines du pouvoir, les manifestants sont payés, une grande partie en tout cas. On retrouve donc à peu près les mêmes, habillés en blanc le mercredi, en rouge le dimanche applaudissant untel ou untel en fonction de la provenance des Pesos. D’aucuns avancent des budgets de plusieurs millions de dollars par manifestation. De source plus proche des manifestants, une partie de ceux-ci reçoit un duplicata de papier d’identité et des pesos en échange de la vraie carte d’identité. Pourquoi faire ? Il semblerait que cela puisse permettre de voter deux fois. Cela dit, la capacité à faire descendre dans la rue n’a jamais eu de relation avec la capacité à attirer les bulletins de vote. Pour ce faire le président sortant a offert le jeudi après midi à tous les travailleurs du pays. Ce qui devrait permettre aux électeurs travaillants à Santo Domingo et votant à la campagne de pouvoir s'exprimer. La vente d’alcool est interdite à partir de jeudi midi et pourra reprendre trois heures après la fermeture des bureaux de vote, histoire de calmer les esprits pendant mais de permettre la fête après. Voilà pour la rue.

Les médias,

Hier soir, à la télévision dominicaine, 5 chaînes sur 8 passaient le meeting de clôture de campagne du président sortant. Depuis un bon mois, ces mêmes chaînes consomme le budget publicitaire du même président : l’intégralité de leur communication ‘commerciale’ lui est consacrée. Certaines ne passent même que ça. Il en est de même pour des chaînes de radio.

Comment écrire ça, en Europe, la démocratie c’est le choix entre plusieurs options politiques représentées par plusieurs personnages politiques. Peut-être avons-nous tord mais quand la communication se limite à un débat d’idée au singulier, et que l’image politique se limite à la photo du leader maximo le bras droit tendu vers le ciel, que ce soit par volonté totalitariste brutale ou par orientation ostensible du pouvoir, ça ressemble à un déni de démocratie. C’est ce que nous observons ici comme nous l’avons observé en Italie et nous commencerons à l’observer en France si le mouvement de concentration des médias abouti.

La votation

Les bulletins de votes sont de grands papiers quadrichromie A3 sur lesquels chaque parti politique détient une case avec la photo de son candidat. Les électeurs vont les cocher dans l’isoloir avant de les plier en douze pour les glisser dans l'urne. Puis, après la fermeture des bureaux de vote, les bulletins seront scannés et les résultats retransmis par réseau sans fils et recrachés une fois compilés par l’ordinateur central. Chaque parti présente un candidat, mais chaque candidat représente plusieurs partis, surtout le candidat sortant. Ce qui ne semble pas absurde à priori mais il faut chercher dans les 24 cases, les 12 cases qui ne concernent pas le candidat sortant pour voter autre chose.

De sources proches du pouvoir (ce coup là), la fraude électorale se situerai entre 10% et 15%. Difficile d’envisager un 49% 51% dans ces conditions.

L’argent de la campagne

Le budget officiel de la campagne est de 7 000 millions de pesos soit 140 millions d’Euros, tous candidats confondus. Budget officiel car il y a les budgets non officiels, comme la confusion entre communication d’état et la communication de campagne était totale (mes routes, elles sont pas belles mes routes? Et mon métro hein, tu ne trouve pas qu’il te fait plaisir mon métro?). Pour sept partis politiques, ça semble léger au regard de la durée de la campagne et du nombre de fêtes et meeting organisés par les uns et les autres.

La ‘junta electorale’ a débloquée 7 millions de pesos pour la gestion des bureaux de vote. Ici, les assesseurs sont payés par l’état, pas de bénévolat. Il y a 13 000 bureaux de vote soit un montant par bureau de vote de 538 pesos, une dizaine d'euros. Ca ne fait pas lourd de la journée.

Et après ?

Certains dominicains craignent que la ré élection de Fernandez Leonel ne laisse un goût amer et que l’ersatz de démocratie ne tourne en vrai dictature. Après le pouvoir économique et politique, il lui suffirait de ‘nettoyer’ le pouvoir judiciaire pour avoir place nette.

Une brève recherche dans mes moteurs WEB préférés indique que la presse occidentale se contrefiche de ces élections. Aucuns articles, aucune allusion, rien de rien de rien !

Les situations économique et politique du pays sont stables, qu’il y ait plus de morts par an dans Santo Domingo que dans les territoires occupé importe peu. La vitrine est belle, les plages aussi. Les investissements peuvent venir sur les côtes même si on manque d’eau potable dans les ‘barios’ de la capitale. Il faudra sans doute attendre le prochain ouragan pour que nos yeux humides et charitables se tournent vers une violence plus spectaculaire.

A demain…

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