En direct de là où je suis. Un jour, une photo depuis mon retour de Santo Domingo

vendredi 11 juillet 2008

Port au Prince


Les pays européens s’interrogent beaucoup sur l’émigration depuis quelques temps. C’est un sujet vendeur sur le plan politique. Les populistes comme en France, en Italies ou en Pologne disent qu’avec une maison qui possède 14 chambres, on ne peut accueillir que 14 personnes. Michel Rocard, qui n’est pas le dernier des imbéciles, dit qu’on ne peut accueillir toute la misère du monde. Retournons la proposition, qu’est-ce que je fais quand quelqu’un meurt de faim devant dans ma maison avec 14 chambres et 14 convives qui les occupent ? Je sais bien que même à Paris, on laisse des gens vivre et mourir dans la rue. Je sais bien que beaucoup d’émigrés ne meurent pas de faim chez eux. Je sais aussi que beaucoup sont prêt à mourir pour rejoindre l’Europe, même pour y vivre et y mourir dans la rue.
Nous sommes incapable d’évaluer les priorités dignes de se nom. Quand un haïtien débarque, nous sommes prêt à le remettre dans son avion pour qu’il retourne mourir de faim en Haïti. Car on meurt de faim en Haïti. La faim c’est la faim. Et nous débattons sur l’opportunité de taxer les opérateurs de téléphonie pour financer la télévision publique.
Les dominicains ont le même type de raisonnement. Un membre du parti de l’actuel président me disait qu’il ne voyait pas ce que pouvait apporter Haïti à la République Dominicaine. Ce à quoi on peut immédiatement donner une réponse : de la main d’œuvre encore moins chère que main d’œuvre locale. Ce n’est pas du cynisme, c’est déjà le cas. Une estimation du chiffre d’affaire réalisé par la main d’œuvre haïtienne en république dominicaine est de 150 milliards de Pesos (source ‘El diario libre’). De la théorie à la pratique, il y a encore du chemin pour tous les hommes politiques du monde.
Pour retrouver l’absurdité de la situation, je vous conseil de lire ‘Tous à Zanzibar’, l’excellent roman de John Burner. La planète s’y couvre de population dans une ambiance de xénophobie, de terrorisme et d’individualisme galopant. Il y a un point final, c’est lorsque la population mondiale debout sur l’ile de Zanzibar en couvre toute la surface. Sommes-nous loin de ce point ?

A demain peut-être…

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